Me voilà donc au cœur du décor. Ça sent l'humus, le bois en décomposition et la terre humide. Ça sent la nature et la vie sauvage. Après quelques minutes de marche, je longe ce que le Ministère de l'Ecologie et du Développement Durable nomme administrativement
. D'une surface de 42 hectares, ces parcelles doivent rester vierges de toute intervention humaine. Comme au premier jour ?
". Inutile de vous dire que les propriétaires de chiens (pour ne citer qu'eux) s'en contrefoutent. J'y ai même vu un couple avec une poussette tenter d'avancer sur le minuscule et étroit chemin qui serpente entre les troncs pourrissants. Ubuesque !
Bref. Continuant mon chemin, je tombe sur la Mare Chalot, dont Emile Zola (décidément, en cette fin de XIXème siècle, le Bois de Verrières inspire les écrivains) la cite dans un de ses romans. Le peu connu "
» Un lieu idyllique semble-t-il ! Sauf qu'aujourd'hui, cette grande mare n'est pas vraiment dans un coin retiré, mais plutôt sur le bord du chemin. Pas forcément le cadre enchanteur qu'on aurait pu attendre !
Puis je bifurque à gauche, direction la batterie de la Châtaigneraie qui, si mon plan est exact, doit être toute proche.
Mais après quelques mètres hors de la forêt, je dois me rendre à l'évidence. Ici, point de batterie ! Juste un immense terrain herbeux, une colline presque pelée, avec à son sommet une minable table d'orientation. Et pourtant ici, dès 1879, date d'achèvement de la construction des ouvrages de Verrières, il y avait plus d'une centaine d'hommes (près de 200 étaient prévus en temps de guerre), officiers, sous-officiers et simples soldats qui, jour et nuit, gardaient la position. Leur travail ? Observer sur 180° la venue (peu probable dans cette direction !) d'un ennemi, entre le Fort de Châtillon au Nord et le village de Massy au Sud. Car c'est ici, sous mes pieds, qu'a été enterré au milieu des années 1970, sous des mètres cubes de terre et de gravats provenant alors du chantier de l'A86 tout proche, un énorme bâtiment en pierre et béton. Cette fameuse Batterie de la Châtaigneraie.
Comme je ne verrais de toute façon rien ici, je décide de continuer mon exploration. Et je rejoins la position suivante - la Batterie du Terrier - par le bucolique Chemin des Violettes. Tout un programme !
En ce mois de mars, le bois est en chantier, c'est la période "élagage et nettoyage" avant le retour définitif du printemps. Et les forestiers ont fort à faire. Tout doit être près dans quelques semaines, un mois au plus, pour accueillir les familles dans une forêt bien propre aux allures de nature bienveillante et hospitalière.
Alors que j'avance sur le chemin, je crois discerner sur ma gauche, entre les arbres décharnés, une sorte de rempart fait de buttes de terre. Ici aussi, sous des tonnes de remblais se trouve un bâtiment de plusieurs dizaines de mètres de long. Impression étrange d'aborder un lieu qu'on aurait voulu cacher, qu'on aurait voulu soustraire aux yeux de tous. Comme une sépulture sans honneur, qu'il faudrait absolument dissimuler. Et oublier. La Batterie du Terrier - la plus petite en nombre d'occupants avec la Batterie d'Igny - avait la forme inhabituelle d'un W. Ici, les hommes ne restaient que quelques heures. Dans un confort sommaire (il n'y avait même pas de réserve d'eau) et dans un ennui profond, ils attendaient que leur tour de garde s'achève, avec pour seuls compagnons quelques canons. Dans les tout premiers jours d'août 1914, alors que la mobilisation générale vient d'être ordonnée, ce sont des milliers de soldats venus de la France entière qui convergent vers la capitale afin de prendre leur position dans ce qu'on appelle alors, le Camp Retranché de Paris. Très vite l'autorité militaire se rend compte que la vie quotidienne dans les forts, avec autant de nouveaux venus, va poser quelques petits problèmes. Pour preuve, une note datée du 12 août 1914 du Gouverneur Militaire de Paris à l'intention, entre autres, de la Division occupant la Position du Bois de Verrières : «
» J'ose à peine imaginer l'odeur qui devait régner autour de la Batterie pendant cette période caniculaire …
La route de Verrières est une des quatre anciennes voies militaires du bois qui permettent de relier facilement et rapidement les cinq batteries périphériques au réduit central. Dans sa dernière portion, face à la Batterie des Gâtines, elle est étonnement plantée d'une double rangée d'arbres, délimitant près d'une centaine de places de parking. Certainement les derniers vestiges de l'occupation encore récente des lieux, par l'Aérospatiale.
Afin de contourner la Batterie, pour en commencer l'exploration par la route qui vient de Verrières-le-Buisson, je coupe à gauche par un chemin de terre. Je croise une ancienne borne puis un panneau :
(en rouge !). Avec des horaires différents en fonction des saisons. Dès la nuit tombée, ici on ne circule plus. Les militaires sont partis mais l'ordre est resté ! Et puis je m'avance encore.
Cette fois-ci, je découvre un très long bâtiment que je ne m'attendais vraiment pas à voir ici. Architecture moderne. Couleurs vives. Du rouge. Du orange. Et encore une pancarte :
LES GÂTINES - Congrès et Séminaires - ACCUEIL à 100 m. Je n'y crois pas. Une fois de plus, j'arrive après la bataille. Tout ici a été rasé. Il ne reste plus rien de l'ancienne Batterie des Gâtines qui, au début de la première guerre mondiale, pouvait accueillir plus de 200 hommes. Mais en décembre 1914 (soit seulement 4 mois après le début de la guerre), il n'y en avait plus que 80 !
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Graffée, Bois de Verrières, 2012 - Photo © Yannick Vallet
Comme il ne se passait plus rien en dehors du front, la position du Bois de Verrières, puis la quasi-totalité des forts du Camp Retranché de Paris, se vidèrent des hommes valides. Tous ces casernements devinrent la base arrière où venaient se reposer par roulement de quinze jours, des centaines de soldats. Le problème, c'est qu'une bonne partie des effectifs était composée de malades et de convalescents. En janvier 1915, le Gouverneur signale même que le régiment qui a quitté les ouvrages de Verrières pour le front a été obligé de laisser sur place «
une quarantaine d'hommes dont l'état de débilité physique les rendait inaptes à supporter les fatigues inhérentes au service qui allait leur incomber. » La Batterie des Gâtines, comme les autres à Verrières, s'était en quelques mois dégarnie de tous ses hommes en état de combattre, pour les remplacer par des malades en piteux état, épuisés et déprimés.
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La clôture des Gâtines, Bois de Verrières, 2012
Photo © Yannick Vallet
Alors que je me décide finalement à faire le tour complet du site (on ne sait jamais), je passe sur l'ancien parking latéral qui après la deuxième guerre mondiale, fût celui de l'Arsenal d'Etat, puis de Nord-Aviation et de la SNIAS, devenus en 1978 l'Aérospatiale. Sur d'énormes bancs d'essais, on a testé ainsi pendant soixante ans, des moteurs et des engins tactiques (comprenez "missiles") destinés non seulement aux militaires français mais aussi à n'importe quelle armée dans le monde.
Puis je longe, sur des centaines de mètres, de grandes plaques de béton graffées. Dans les angles, à dix mètres de haut, les restes de hauts parleurs, de caméras et de projecteurs, signes passés d'un site sensible, classé
Secret Défense. Puis retour au point de départ, après avoir entr'aperçu, de l'autre côté de la clôture, ce qui ressemblait aux restes d'un pan de mur fortifié.
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Des pins, Bois de Verrières, 2012
Photo © Yannick Vallet
Je me demande vraiment ce que je suis venu faire ici. Depuis le début de mon périple, je n'ai vu aucun bâtiment complet. Seulement des morceaux, des silhouettes de casemates, enfouies sous la terre. Des bribes d'histoire. Et puis il y a tous ces hommes aussi, en piteux état, exténués de s'être trop battus. Ceux que je me surprends à baptiser
les oubliés de la guerre.
Tout ça parce qu'un jour je suis tombé sur une simple phrase dans un livre qui me fascine : «
Par sa fenêtre, une nuit, il avait contemplé le silencieux paysage qui se développe, en descendant, jusqu’au pied d’un coteau, sur le sommet duquel se dressent les batteries du bois de Verrières. »
Mais bon, il ne m'en reste plus que deux à voir, de ces fameuses Batteries. La prochaine, celle d'Igny, n'est pas très loin. Elle était la plus petite de toutes, peut-être n'est-elle pas passée à la trappe... C'est donc sans entrain que je me traîne jusqu'à elle par une route forestière qui, chose étonnante dans ce bois, longe une parcelle plantée de pins. C'est d'ailleurs tout près d'ici qu'en août 1944, à la libération de Paris, des soldats américains bivouaquèrent, préférant la belle étoile aux casernements des Gâtines, fraîchement désertés par l'armée allemande.
Un arbre, Bois de Verrières, 2012
Photo © Yannick Vallet
J'ai l'impression que l'histoire se répète. À ma gauche, ce sont à nouveau de petites buttes de terre comme au Terrier. Mais moins nombreuses. Puis un grand espace, inhabituel ici, comme une large avenue aménagée entre les arbres. Et au bout, je les aperçois. Elles sont deux. Presque côte à côte. Les traverses-abris de la Batterie d'Igny. Bien visibles, même si elles aussi sont en partie recouvertes de terre. Deux collines comme deux cénotaphes.
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Les traverses-abris d'Igny, Bois de Verrières, 2012
Photos © Yannick Vallet
Ici, pendant la guerre de 14 il n'y avait qu'une vingtaine d'hommes pour s'occuper de l'armement. Quatre canons qu'il fallait entretenir et bichonner. Et à part ça, pas grand-chose à faire. Une certaine oisiveté qui inquiète le Général commandant la zone sud du Camp Retranché de Paris : «
Le Gouverneur a constaté que l'activité de certains corps du Camp retranché était insuffisante. Ces corps mènent beaucoup plus la vie de cantonnement de manœuvres que celle de troupes en campagne. Il y a lieu de stimuler leur activité et de pousser très énergiquement leur instruction en vue du combat. […] on ne doit trouver personne, à l'exception des malades et des hommes de service, dans les cantonnements entre 6h et 17 heures. Toute la journée doit être utilisée pour le développement de l'instruction […] Il faut que tous se pénètrent de cette idée que nous sommes en guerre et non en période d'exercices. »
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La batterie d'Igny, Bois de Verrières, 2012
Photo © Yannick Vallet
Me voilà presque arrivé à la fin de mon voyage. Encore un petit kilomètre à parcourir en empruntant la route de la Grande Ceinture et je vais tomber sur la Batterie de Bièvres. La der des ders ! Et je ne le sais pas encore, mais je ne suis pas au bout de mes surprises …
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La route de la Grande Ceinture, Bois de Verrières, 2012
Photo © Yannick Vallet
Au bout de cette route, il y a ma dernière batterie. Et de chaque côté de cette longue bande d'asphalte, le bois qui s'éveille doucement sous les premiers rayons printaniers. Ce bois que les militaires n'ont pas hésité à piller durant toute la guerre de 14, juste parce qu'ils se croyaient chez eux. En janvier 1915, le garde forestier Wilmot écrit dans le Livret pour les préposés des Eaux et Forêts «
qu'un grand nombre de réserves, baliveaux, chênes et bouleaux, avaient été coupés à la scie et à la hache, ainsi que des perches de châtaigniers, ces derniers ayant ainsi servi à faire un chemin de bois sur le sol militaire de la batterie des Gâtines. » Certains vont même jusqu'à récupérer pour divers travaux dans les Batteries, des tas de pierres destinés à la réfection de la route de Grande Ceinture.
Terrain militaire, Bois de Verrières, 2012
Photo © Yannick Vallet
Le mur de béton que j'aperçois au loin après une dizaine de minutes de marche, me dit que je suis arrivé. En inscription au pochoir, à intervalles réguliers :
DEFENSE D'ENTRER - TERRAIN MILITAIRE. Une drôle de fenêtre ménagée à travers une des dalles me dit que l'accès n'est pas si restrictif que ça ! Derrière cette palissade semble se cacher quelques restes d'occupation guerrière. Et je ne me trompe pas …
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Poste de garde, Batterie de Bièvres, Bois de Verrières, 2012
Photo © Yannick Vallet
Passé la porte grande ouverte qui m'aspire vers les entrailles de la batterie, je découvre, enfin, ce que l'on peut glorieusement appeler les ruines d'un fort militaire. Soudain, je revis. Je suis comme un gamin qui joue à la guerre. Je suis transporté des années en arrière. Que dis-je ? Un siècle en arrière, dans les récits rocambolesques que mon grand-père me racontait lorsque j'étais enfant. Des récits plus pittoresques les uns que les autres sur cette "der des ders" qu'il avait connue. Lui qui était parti à l'âge de dix huit ans. Lui qui avait connu la puanteur des tranchées, la nourriture trop rare, le pain trop dur et l'eau qui donnait la dysenterie.
Tableau électrique du poste de garde, Batterie de Bièvres,
Bois de Verrières, 2012 - Photo © Yannick Vallet
Dès l'entrée, un poste de garde en ruine, criblé de balles et autres projectiles m'accueille. Vraisemblablement celui-ci date des années 50, lorsque l'armée (alors même que le lieu avait été déclassé en 1946) y stockait encore des munitions et y faisait des exercices de tir. À l'intérieur, un tableau électrique rouillé et des sanitaires hors de service. Et à l'arrière, un vieux poêle à charbon dans ce qu'il reste d'une minuscule chaufferie.
DEFENSE DE FUMER, Batterie de Bièvres,
Bois de Verrières, 2012 - Photo © Yannick Vallet
Un peu plus loin sur la gauche, une petite "ruelle" me mène à une maison que je suppose être un ancien dépôt de munitions : le
DEFENSE DE FUMER, inscrit en énorme et en rouge sur les murs intérieurs, ne laisse guère de doute. De l'autre côté, une carcasse de voiture lamentablement défoncée sur laquelle quelques militaires énervés semblent s'être sauvagement lâchés ! Un peu plus loin, derrière un remblais de terre, j'aperçois le toit d'un bâtiment tout en longueur. Et puis ce sont de vieux tuyaux rouillés, un immense portique et quatre cheminées carrées qui sortent d'une butte de terre. Je gravis cette colline improvisée et là je découvre, face à moi … incroyable … un véritable fort.
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Carcasse, Batterie de Bièvres,
Bois de Verrières, 2012 - Photo © Yannick Vallet
Un véritable fort pentagonal avec ses hauts murs de pierre, ses fossés, sa contrescarpe, ses caponnières, ses casernements, son magasin à poudre. Un véritable fort Serré de Rivière construit en 1875 et où une centaine d'hommes vivait au début de la 1ère guerre mondiale. Un fort qui s'organisa tant bien que mal alors qu'on le désarmait presque totalement en août 1916, comme toute la Zone Sud, pour alimenter, en armes comme en hommes, le front et ses tranchées.
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Une caponnière, Batterie de Bièvres,
Bois de Verrières, 2012 - Photo © Yannick Vallet
Curieux de découvrir cette architecture si particulière, je commence à en faire le tour en surplombant les fossés. Les énormes câbles tendus au-dessus du vide me laissent penser que dans un passé pas si lointain certains se sont essayés à la tyrolienne ou autres amusements acrobatiques. Les centaines de bouteilles plastiques, les traces de peintures sur certains murs et les petites billes de couleur qui jonchent le sol me disent que les adeptes de la guéguerre peinturluresque doivent ici s'en donner à cœur joie. Ou comment évacuer sa testostérone quand on ne sait pas comment occuper son temps libre et qu'on vit dans un pays en paix. À croire que faire la guerre manque à certains …
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Des fossés et des arbres, Batterie de Bièvres,
Bois de Verrières, 2012 - Photo © Yannick Vallet
J'avance tranquillement au milieu d'un joyeux fatras d'arbres et de lierre quand soudain un long et violent bruissement me fout une trouille monstrueuse. L'espace d'une fraction de secondes, je me crois attaqué par une compagnie d'artilleurs prêts à me dézinguer. Je me retourne. Derrière moi, une bonne dizaine de chevreuils s'éloignent en sautillant allègrement. Je me sens soulagé mais un peu con ! La journée touche à sa fin et la fatigue me fait imaginer n'importe quoi.
Au fond du fossé, Batterie de Bièvres,
Bois de Verrières, 2012 - Photo © Yannick Vallet
En attendant, je n'ai pas encore exploré l'intérieur des bâtiments. Je descends donc dans les fossés et m'approche d'une des entrées. Face à moi, deux immenses salles : les chambrées, dont chacune pouvait contenir une cinquantaine d'hommes. Deux rangées de six lits en fer, face à face. Quatre places par lit (deux en haut, deux en bas) dans une promiscuité virile et certainement très odorante ! Sans compter les relents de nourriture puisque les repas se prenaient dans les chambres, sur une tablette au bout du lit. Un quotidien difficile mais entre copains de régiment, comme dans ce film incroyable de Raymond Bernard "LES CROIX DE BOIS", tiré du livre homonyme de Roland Dorgelès. Un film tourné en 1931, en Champagne, seulement treize ans après la fin de la guerre avec des comédiens qui avaient eux-mêmes connu les tranchées. Avec le poète Antonin Artaud et un Charles Vanel bouleversant. Et surtout avec des scènes de batailles hallucinantes, dans un noir et blanc dense, magnifiquement sombre et dramatique.
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Dans les tréfonds du sanctuaire, Batterie de Bièvres,
Bois de Verrières, 2012 - Photo © Yannick Vallet
Alors que je refais surface à l'air libre (là-dessous ça ne sent décidément pas très bon) je repense à tous ces pauvres gars, souvent très jeunes, qui partaient à la guerre, soi-disant la fleur au fusil et qui, après plusieurs mois passés dans les tranchées, revenaient complètement esquintés par des combats d'une rare violence. Nombreux étaient ceux qui étaient atteints de ce que l'on a appelé le syndrome commotionnel ou trouble de stress post-traumatique (à ne pas confondre avec le choc de l'obus ou syndrome post-traumatique qui lui est lié à un traumatisme crânien). Pour tous ceux-là, impossible de trouver un sommeil réparateur. Pour certains l'hyper vigilance (ils ont peur de se faire attaquer) leur interdit de s'endormir. Pour d'autres, les hallucinations et les cauchemars sont omniprésents et rythment leur nuit au son des explosions et des hurlements sans cesse revécus. Une confusion mentale qui chez beaucoup les suivra jusqu'à la fin de leur vie.
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Hangar, Batterie de Bièvres,
Bois de Verrières, 2012 - Photo © Yannick Vallet
Difficile d'imaginer ce que pouvait être l'ambiance dans ces Batteries du Bois de Verrières, pendant la guerre de 14-18. Entre les malades et les convalescents. Avec de la nourriture qui commençait à manquer. Avec des uniformes parfois dépareillés. Sans cartouches, ni munitions, ni même d'armement pour tout le monde. Vivants tous dans des casemates mal entretenues. Sales et bordéliques. Nulle doute que cette armée débraillée et dépressive devait plus avoir l'air de la Cour des Miracles que d'une troupe en marche.
Portique, Batterie de Bièvres,
Bois de Verrières, 2012 - Photo © Yannick Vallet
Et tandis que je retraverse la passerelle en direction de la sortie, je ne peux m'empêcher de penser à mon grand-père qui peut-être, un jour, est passé par ici. Pour se reposer !
À moins qu'il n'ait pas eu le temps lui qui, du côté de Verdun, pris un éclat d'obus dans la hanche et boita le restant de sa vie.
FIN
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Disjoncteur, Batterie de Bièvres
Bois de Verrières, 2012
Photo © Yannick Vallet
Un grand merci à toutes mes sources de renseignements qui m'ont permis de me documenter.
A commencer par Cédric et Julie Vaubourg ainsi que Régis Berger du site
Fortiffsere.fr,
Lionel Pracht et son
Petit Atlas des Fortifications,
Luc Malchair, Marco Frijns, Jean-Jacques Moulins et Jean Puelinckx pour leur site
fortiff.be et leur très complet "Index de la Fortification Française 1874-1914",
Patrick Cotte et Frédéric Lalisse-Mugard de l'
ASFV pour le travail sur le Fort de Villiers,
Et aussi Michel Colonna Ceccaldi, Jean-Marie Jacquemin, Christian Gautier et Georges Trébuchet pour leur travail historique sur le Bois de Verrières. À retrouver dans les petits fascicules intitulés "Connaissance de Verrières-le-Buisson et de sa région" (Ed. de l'Historique),
Sans oublier le site
Mémoires des Hommes du Secrétariat Général pour l'Administration où sont répertoriés les journaux des Unités de 1914-1918,
Et bien sûr, à Joris-Karl Huysmans et son "A Rebours" sans lequel cette aventure n'aurait certainement pas existé.