Après les photographies de Thomas Struth dont je vous ai déjà parlé ICI, voici la série de Guy Tillim exposée à la Triennale. Intitulée Second Nature elle est visible dans les sous-sols du Palais de Tokyo.
Photographe sud-africain blanc, Guy Tillim a dès les années 80 dénoncé l'apartheid qui régnait dans son pays. Son regard est certainement marqué par cette période de sa vie : difficile en effet de concilier l'amour que l'on a pour son pays natal et les criantes injustices qui l'ont malheureusement façonné.
Longtemps photographe de guerre, il a depuis quelques années davantage orienté sont travail vers une photographie documentaire à l'écoute des problèmes de l'Afrique. Son étonnante série Avenue Patrice Lumumba est d'ailleurs à ce titre exemplaire puisqu'elle parle de ces avenues de rêves laissées à l'abandon post-colonialiste.
Sa dernière série présentée à la Triennale nous parle, elle, de la Polynésie Française. Jamais complètement vierges sous ses airs exotiques, ces îles sont marquées à jamais par l'empreinte de l'homme finalement omniprésente.
L'écho avec la série de Thomas Struth est évident même si quelques dalles de béton entre le rez-de-chaussée et le sous-sol semblent les séparer. Le lien est presque visible, palpable même, entre les forêts primaires d'Asie ou d'Amérique et les paysages sauvages polynésiens.
SECOND NATURE
Editeur : Prestel (2012)
LA TRIENNALE : INTENSE PROXIMITÉ Palais de Tokyo - 13, Avenue du Président Wilson – Paris 16ème Du 20 avril au 26 août 2012 Tous les jours, sauf le mardi : de midi à minuit Métro : Alma-Marceau ou Iéna
Lorsque j'ai su que Kuk‐Hyun Chang présentait ses photographies de pins rouges d'Uljin à la Cité Internationale des Arts je me suis dit, évidemment, que cette exposition était pour moi !
C'est donc plein d'entrain que, dès le premier jour, je me suis dirigé vers le quartier Saint-Paul, face à l'Ile Saint-Louis. Première découverte, la salle d'expo se situe tout au bout de cette construction typique des années 60 qu'est la Cité des Arts, un bâtiment à plusieurs étages genre barre d'immeuble de banlieue. Je n'avais jamais vraiment fait attention à son architecture mais je dois dire que là je me sens un peu projeté dans le passé ! Bref. Je pousse la porte d'entrée vitrée puis grimpe quelques marches. Et là surprise, une salle immense, très haute de plafond, très froide, très impersonnelle.
Aux murs sont accrochés de grands kakémonos rehaussés de petites frises dorées et dont aucun n'a la même largeur. Et sur ces grandes banderoles de tissus sont imprimées les photos de Kuk‐Hyun Chang. Mais là où les choses prennent une drôle de tournure c'est dans l'aspect de ces images. D'abord, certaines semblent déformées, comme écrasées pour entrer dans la hauteur des banderoles. Etrange. Mais surtout, la colorimétrie de chacune des images est totalement délirante …
… Comme si le photographe venait de découvrir Photoshop et avait decidé de pousser la saturation des couleurs au maximum. Pour s'amuser ! Résultats ? Eh bien j'ai l'impression étrange, non pas d'être dans une galerie, mais plutôt dans un restaurant chinois au fin fond du 13ème arrondissement, face à un immense poster mural. Le voyage a été fulgurant, mais je viens bien d'attérir dans les années 70, au beau milieu d'un décor un peu kitsh. Et pour clore le tout, j'ai la chance de me retrouver face à Kuk‐Hyun Chang, chapeau de paille visser sur la tête, qui gentiment me salue alors qu'il est en train de converser avec une journaliste asiatique.
La tête me tourne de trop de surprises et de trop de couleurs mais heureusement mon regard se pose sur le livre édité pour l'occasion. Et là nouvelle surprise (décidément !), les photos ne sont pas du tout sursaturées. Certaines sont vraiment très belles et prennent ici leur véritable dimension. Conclusion : allez faire un tour à l'expo et repartez impérativement avec le livre !
GEUMKANGSONG
Editeur : Cité Internationnale des Arts (2012)
Ah j'oublais. Les pins rouges en Corée sont sacrés. Ils sont une espèce endémique et cela fait une dizaine d'années que Kuk‐Hyun Chang les photographie. A Uljin il y a 80.000 pins vieux de 300 ans, et 500 pins de 500 ans dont certains mesurent 5 m de tour de tronc et 30 m de hauteur. Le but de cette exposition est de faire classer leur habitat au patrimoine mondial de l'Unesco.
Mais pourquoi donc avoir à ce point exploser les couleurs ? Je pense avoir trouvé un élément de réponse dans le système traditionnel coréen des couleurs qui prend ses origines dans le Yin et le Yang. Un système traditionnel très étroitement lié à la vie quotidienne des coréens. Pour faire court, ce système appelé Obangsaek, est basé sur l'association de cinq couleurs avec cinq directions : le Jaune avec le Centre, le Bleu avec l’Est, le Rouge avec le Sud, le Blanc avec l’Ouest, et le Noir avec le Nord. Des couleurs qui sont également associées à divers éléments : le Jaune qui symbolise la Terre représente le centre de l'univers, le Bleu associé au Bois représente le Printemps, le Rouge symbole du Soleil représente l'Été, le Blanc avec le Métal représente l'Automne, le Noir associé à l'Eau représente l'Hiver.
Ces cinq couleurs, auxquelles on prête puissance et protection, se retrouvent donc systématiquement au cœur de toute la sociéte traditionnelle coréenne et tout au long du cycle de la vie : dans les objets du quotidien, dans l'habillement, la cuisine, aux anniversaires, lors des cérémonies de mariage…
A voir également, le très beau film de Kim Ki-Duk qui reprend, entre autres, ces thématiques colorées :
Suite à l'exposition organisée par One Giant Arm pendant le Festival de Bristol, vous pouvez vous procurer le catalogue du Disposable? Project directement dans le shop du site.
Ce sont une vingtaine de photographes provenant de trois continents différents que vous retrouverez tout au long des quarantes pages. Ainsi que ma série 26 Benches in Paris.
Disposable? - Selected work from the OGA Disposable? Project.
Aucun doute, vous devez aller faire un tour au Palais de Tokyo pour La Triennale. Il y a des tonnes de choses à voir et en plus, le travail qu'ont effectués sur le bâtiment les architectes multi-primés Lacaton & Vassal, est à découvrir à chaque détour.
Sans compter les multiples interventions in situ : les artistes semblent avoir investi le moindre recoin, le moindre pan de mur ou de fenêtre comme pour marquer leur territoire …
C'est donc dans cette étonnante coquille un peu trash que se déroule la troisième édition de cette manifestation d'art contemporain. Et même si elle ne fait pas partie de la majorité des oeuvres exposées, la photographie est tout de même bien présente. A commencer par l'immense photographe allemand Thomas Struth et quatre de ses très grands et très impressionnants formats de sa série Paradise.
Plus connu pour ses immenses photos de rues ou sa célèbre série sur les groupes de touristes dans les musées, Thomas Struth pésente ici une vision grandeur nature et sublimée des forêts primaires. Une sorte de variation romantique autour du concept de nature paradisiaque.
Si, comme moi, vous restez sur votre faim (quatre photographies c'est un peu juste) vous pouvez vous rabattre sur le très beau livre, édité il y a dix ans à l'occasion de la première exposition de cette série à Munich, et disponible sur le net aux alentours de 100€.
NEW PICTURES FROM PARADISE
Editeur espagnol : Celeste Ediciones (2002)
Editeur allemand : Schirmer/Mosel (2002)
LA TRIENNALE : INTENSE PROXIMITÉ Palais de Tokyo - 13, Avenue du Président Wilson – Paris 16ème Du 20 avril au 26 août 2012 Tous les jours, sauf le mardi : de midi à minuit Métro : Alma-Marceau ou Iéna
La nouvelle collection deux ou trois choses... est arrivée ! Après les tirages en édition limitée voici les dyptiques.
Dans moins de 6 mois maintenant, débutera l'exposition de mes polaroids intitulés Les Disparus. Afin de m'aider à financer une partie des frais techniques (des tirages grand format) vous pouvez d'ores et déjà, en plus des tirages que vous avez découverts en février (en vente ICI), choisir parmi quelques diptyques encadrés, tirés des autres séries.
Chaque diptyque est composé de deux tirages argentiques, chacun sous cadre indépendant, daté et signé. L'édition est limitée dans le temps puisqu'elle prendra fin le 2 décembre 2012, dernier jour de l'expo.
Le prix du diptyque inclus les frais de port pour la France. Pour l'expédition à l'étranger, il faut compter un supplément de 10 €.
Et pour ceux qui le désirent, il reste également quelques exemplaires de mon livre "Le banc" en tirage limité. Dépêchez-vous, c'est ICI.
The new collection two or three things... has arrived ! After the limited edition prints (HERE) these are the diptychs. In less than six months now, begin the exhibition of my series Les Disparus. To finance part of the technical costs I'm selling some diptychs. Each diptych is composed of two silver prints, each under independent framework, signed and dated. The edition is limited in time, it will end December 31, 2012. All prices included postage for France. For other countrys you have to add an extra 10 €. To order, send me an email. And if you want, there are still some copies of my book "Le Banc" in limited edition. Hurry, it's HERE.
• De la série Un jour, en France
Un maison bleue, 2011
20,5 x 31 cm (2 cadres de 15,5 cm x 20,5 cm chacun)
45 euros
Chez Serge, 2012 20,5 x 47 cm (1 cadres de 15,5 cm x 20,5 cm, 1 cadre de 20,5 x 26,5 cm) 55 euros
Piolino giallo, 2012 15,5 x 41 cm (2 cadres de 15,5 cm x 20,5 cm chacun) 45 euros • De la série Zoo, musée et pause-café
La baraque du Troca, 2009 15,5 x 41 cm (2 cadres de 15,5 cm x 20,5 cm chacun) 45 euros • De la série À l'origine Sans titre, 2011 20,5 x 31 cm (2 cadres de 15,5 cm x 20,5 cm chacun) 45 euros • De la série Tous aux bains
Tous ensemble, 2009 15,5 x 41 cm (2 cadres de 15,5 cm x 20,5 cm chacun) 45 euros
• De la série Le Circuit
Latrines, 2011 15,5 x 41 cm (2 cadres de 15,5 cm x 20,5 cm chacun) 45 euros
Par chance, la galerie parisienne Rabouan Moussion prolonge The Dark Side d'Erwin Olaf jusqu'au 19 mai. L'occasion, si vous ne connaissait pas ce photographe hollandais, de découvrir son univers étrange et quelque peu tourmenté, voire inquiétant.
Sous des atours très clean (Olaf travaille essentiellement pour la publicité), ses images personnelles laissent sourdre une ambiance sombre et angoissante. Derrière le glacis d'un univers bourgeois a priori sans émotions - celui de sa série The Keyhole (Le Trou de serrure) - ce sont les replis peu reluisants de l'âme humaine qui pointent le bout de leur nez. Avec son cortège de honte, de remords ou de pudeur mal digérée. Glaçant …
Si ce travail peut faire penser à l'allemande Loretta Lux (dont je vous ai déjà parlé ICI), sa série The Siege, même si elle fait directement référence aux nombreuses peintures historiques décrivant le siège de la ville de Leiden au XVIème siècle, fait elle, immanquablement penser au travail de l'allemande Désirée Dolron (à voir ICI).
Très étonnant d'ailleurs de voir ces trois artistes (quatre si l'on rajoute Ellen Kooï) issus d'une certaine Europe du Nord (Pays-Bas et Allemagne) avoir le même genre de regard, au premier abord plutôt froid, et utiliser des techniques numériques de retouche d'image et de post production pour sublimer leurs angoisses. Tout ça dans dans un esprit graphique et esthétique parfois très proche.
Une sorte d'école saxonne du cinquantième parallèle !
Quant aux autres séries de Olaf, évoquées par quelques photographies visibles sur les murs de la galerie, je vous laisse le soin de les découvrir sur place …
Si vous aviez raté en 2009, à l'Institut Néerlandais, la première grande restrospective française d'Erwin Olaf, je vous conseille vivement de vous procurer son premier livre édité à cette époque chez Aperture. Un monument.
ERWIN OLAF
Editeur : Aperture (2008)
Et enfin, je ne saurais que trop vous conseiller également d'aller faire un tour sur son site. Ses petits films, qui ont souvent été intégrés à des installations, valent eux-aussi le détour. Comme "Le Dernier Cri" ou celui-ci par exemple :
Depuis hier et pendant tout le mois de mai, la photographie britannique et internationale envahit Bristol pour le Bristol Festival of Photography. Avec une centaine d'expos, des conférences, des workshops et des dizaines d'autres évènements comme le Lomo Show.
Et en ce qui me concerne, je vous donne rendez-vous demain à partir de 17h00 pour le vernissage de l'expo collective organisée par One Giant Arm et à laquelle je participe dans le cadre de leur projet Disposable ? (et dont je vous ai déjà parlé ICI).
La totalité de mes '26 Benches in Paris' sera exposée dans la galerie du Louisiana. A noter également que vous pourrez retrouver la typologie complète de ces 26 bancs dans le catalogue édité pour l'occasion.
OneGiantArm Presents : DISPOSABLE ?
Bristol Festival of Photography - The Louisiana
Wapping Road, Bathurst Terrace - Bristol - Royaume Uni
Du 5 au 17 mai 2012
Vernissage : samedi 5 mai 2012 de 17h00 à 22h00