- Fais donc attention, Cinq ! ne m’éclabousse pas de peinture comme ça.
- Je ne l'ai pas fait exprès, répondit l'autre d'un ton maussade. C'est Sept qui m'a poussé le coude.
Sur quoi, Sept leva les yeux et déclara :
- C'est ça ne te gêne pas, Cinq ! Tu prétends toujours que c'est la faute des autres !"
Alice au pays des merveilles - Lewis Carroll (1865)
Voilà le genre d'image qui, lorsque j'étais enfant, me terrorisait. A l'époque, je savais bien que les livres n'étaient pas la vie mais ils en avaient tellement l'apparence, une apparence merveilleuse et fascinante, que j'aimais m'y plonger sans retenue.
Le problème, c'est que lorsque je tombais sur un texte comme celui d'Alice, j'avais la désagréable sensation de me faire happer par un épouvantable cauchemar. Pas le cauchemar terrifiant qui vous fait hurler et dans lequel vous savez que vous allez mourir, non, non. Plutôt cet angoissant cauchemar qui vous submerge et génère en vous un grand malaise qui, vous le savez c'est inévitable, se prolongera fatalement dans la vraie vie ...
"A large rose-tree stood near the entrance of the garden: the roses growing on it were white, but there were three gardeners at it, busily painting them red. Alice thought this a very curious thing, and she went nearer to watch them, and, just as she came up to them, she heard one of them say “Look out now, Five! Don’t go splashing paint over me like that!”
“I couldn’t help it,” said Five, in a sulky tone. “Seven jogged my elbow.”
On which Seven looked up and said “That’s right, Five! Always lay the blame on others!”
On which Seven looked up and said “That’s right, Five! Always lay the blame on others!”
Alice's Adventures in Wonderland - Lewis Carroll - 1865