Je n'ai jamais vraiment été fan de Willy Ronis (trop gentiment consensuel à mon goût !), mais cette photo me fait marrer.
Pas tant d'ailleurs par ce que tout le monde y a vu (des êtres humains sans tête ...) mais plutôt par cette naïveté typique de ces années-là et par cette critique bon enfant d'une société d'un autre siècle qui, finalement, semblait bien innocente et candide ...
Voici ce que Willy Ronis en disait : “Ce matin de février 1979 je me trouve près du Châtelet et je décide de faire enfin connaissance avec le RER. Je déambule lentement à travers le labyrinthe et mes regards sont attirés, de loin, par les trois batteries de triples casques rouges, rassemblés près d'un des murs du pourtour. Je m'approche de ce spectacle insolite et j'en fais lentement le tour, en quête du meilleur point de vue pour mon objectif grand angle 28 mm... Émerge en moi la vague sensation d'assister au repas sauvage d'un groupe de plantes carnivores déguisées en téléphones pour mieux tromper les humains, et anesthésiant quelques voyageurs étourdiment engagés sous leurs géantes corolles. Au terme d'une longue attente, mes trois monstres ont capturé chacun deux victimes...” (in Derrière l'objectif de Willy Ronis - 2001).
Le jaune-vert opalescent des néons, le rouge brillant des cabines, le noir satiné du sol en plastique ... on peut rêver à ce qu'aurait pu être cette photo, si elle avait été faite en couleur ...