Ce photoblog présente quotidiennement

un premier choix non définitif d'images pour les séries en cours.

Il vient en complément du site www.yannickvallet.com qui, lui,

présente un panorama complet de mon travail.


1 juillet 2010

La rencontre, chap. 2

De l'autre côté.

Ça y est, c'est mon tour*.
Voici donc la photo qu'Olivier m'a donnée. Ses indications : l'image a été prise sur le Pont Wilson qui longe puis surplombe les voies ferrées le long de la nationale 6 qui s'appelle, dans cette portion, rue de Paris. C'est Villeneuve-Saint-Georges que l'on voit.


Une première évidence : ma curiosité est piquée au vif !
Je ne connais absolument pas Villeneuve-Saint-Georges et j'ai envie de savoir. Envie de savoir ce qu'il y a derrière cette photo, au-delà de cette grande maison qui me bouche l'horizon. Quel genre de ville est donc cette commune de la banlieue parisienne ? Qui sont ses habitants ? En quoi cette immense gare de triage, que je découvre sur un plan et qui occupe près de la moitié du territoire de la ville, agit-il sur la vie de cette cité ?
Je ne sais pas du tout à quoi m'attendre, mais je suis impatient de le découvrir …

Photos © Yannick Vallet

Direction donc la nationale 6, Villeneuve-Saint-Georges et le Pont Wilson.
Je retrouve très vite le lieu exact où a été prise la photo, et toujours la même constatation : cette ville qui est à mes pieds, séparée de moi par cette rue de Paris bruyante et puante, m'attire comme un aimant. Je décide donc de passer de l'autre côté ...

Photo © Yannick Vallet

Et là, mon étonnement est immédiat. Je viens de pénétrer dans un quartier résidentiel typique de la banlieue parisienne, avec ses centaines de pavillons en brique ou en pierre meulière, datant visiblement tous de la première moitié du XXe siècle.

Photos © Yannick Vallet

Incroyable ! Le contraste est saisissant. Alors que la nationale ultra-passagère est pourtant toute proche, le calme qui règne ici me donne l'impression d'avoir échoué dans un havre de paix. Et le temps semble s'être arrêté à l'orée des années 60. Peu de voitures dans les rues (je me surprends à marcher au beau milieu de la chaussée). Des pancartes rouillées, fixées çà et là sur des murs de crépis gris ou des poteaux en ciment, rappellent quelques règles de civisme ordinaire. Des chats alanguis, des nains de jardin et des canards en plastique semblent se reposer sur les pelouses ou à l'ombre des clôtures. Et des carrés de verdures, des pieds de roses ou des pots de géraniums ornent l'entrée des pavillons populaires.

Photos © Yannick Vallet

Une curiosité de ce quartier c'est cette multitude de garages, disséminés un peu partout au fil des rues et regroupés la plupart du temps autour d'une sorte de cour en terre et graviers, toute en longueur. J'imagine que depuis des dizaines d'années, chaque box est rattaché à une maison précise. Des maisons construites au temps de la splendeur de Villeneuve-Saint-Georges, lorsque des centaines de cheminots, travaillant à l'immense gare de triage toute proche, vivaient ici. Étonnant que ces parcelles de vide, ces espaces "inutiles", soient encore présents malgré la folie immobilière …

Les garages de Villeneuve-Saint-Georges, 2010
Photos © Yannick Vallet

En flânant dans ces rues bordées de pavillons au charme désuet, on se prend à rêver. Et on se dit qu'aujourd'hui en France, une certaine insouciance peut encore exister, comme ici, dans ce quartier de Villeneuve-Saint-Georges qui semble prendre son temps, sereinement, tranquillement. Mais certains hurleront que ce n'est plus possible, que c'était mieux avant, que la France a changé et que les trente glorieuses c'était quand même autre chose.
Et pourtant, la sensation que je ressens ici est bien réelle. Et n'en déplaise à certains, les villeneuvois qui croisent mon chemin, ceux-là mêmes qui vivent dans ces maisons et garent leur véhicule dans ces garages ont tous le sourire : ils sont d'origine portugaise, maghrébine, française, hispanique, africaine, pakistanaise, antillaise, moyenne orientale, asiatique ou d'Europe de l'Est et semblent cohabiter en toute simplicité.

Photo © Yannick Vallet

Cependant, une inscription discrète au bas d'un mur me rappelle que comme partout une certaine réalité humaine existe, celle de la lâcheté, de l'intolérance et de l'ostracisme.

Photo © Yannick Vallet

Mais maintenant, il faut rentrer. Et alors que je laisse derrière moi Villeneuve-Saint-Georges et sa gare de triage je me dis que finalement, de l'autre côté du décor, il y a toujours autre chose …

Photos © Yannick Vallet

Et pour en savoir plus justement sur le choix de ce décor, il faut aller faire un tour sur Dreamlands, le blog d'Olivier Hodasava …


*pour la règle de ce petit jeu initié par Olivier Hodasava, je vous invite à vous reporter au chapitre 1 de La rencontre puis sur Dreamlands.